4 PRATIQUES

 

4.1 Bonnes pratiques

 Exemples de bonnes pratiques d'entreprise libérées

4.1

La connaissance théorique est un trésor dont la pratique est la clé. Thomas Fuller

Quelques exemples de bonnes pratiques et de témoignages dans des entreprises libérées (ou sur le chemin de la libération) :

Histoire vraie

AES, un géant de l’énergie avec 10 000 employés, voulait :

•    donner plus d’autonomie aux sites locaux
•    réduire la bureaucratie pour accélérer les décisions
•    améliorer la sécurité (taux d’accidents élevé)

Actions pour libérer l’entreprise :

•    autonomie des sites : chaque usine prend ses décisions locales
•    réduire les délais et améliorer la réactivité
•    budget et stratégie définis localement
•    système de "conseils" (pas de managers) : les employés se conseillent mutuellement
•    favoriser la collaboration
•    cercles de décision par projet
•    formation à la sécurité : chaque employé peut arrêter une opération dangereuse
•    réduire les accidents
•    transparence financière : tous les employés voient les coûts et bénéfices
•    impliquer tout le monde dans la performance
•    tableaux de bord accessibles à tous

Résultats obtenus :

•    taux d’accidents réduit de 80 %
•    productivité augmentée de 20 % (décisions locales plus rapides)
•    satisfaction employé : 90 % (contre 60 % avant)

Histoire vraie

Buurtzorg, une organisation néerlandaise de soins à domicile, voulait :

•    améliorer la qualité des soins tout en réduisant les coûts
•    donner plus d’autonomie aux infirmières pour qu’elles se concentrent sur les patients
•    réduire la bureaucratie et les tâches administratives inutiles

Actions pour libérer l’entreprise :

•    équipes auto-organisées de 10-12 infirmières : pas de managers, décisions collectives
•    suppression des niveaux hiérarchiques intermédiaires
•    suppression des rapports administratifs : les infirmières gèrent elles-mêmes leur planning
•    réduction du temps perdu en papiers administratifs
•    utilisation d’un logiciel léger pour la coordination
•    formation aux compétences relationnelles : focus sur l’écoute et l’autonomie des patients
•    amélioration de la qualité des soins
•    ateliers réguliers sur la communication
•    système de rémunération basé sur la confiance : pas de contrôle des heures
•    renforcement de la motivation intrinsèque
•    salaire fixe, pas de bonus individuels

Résultats obtenus :

•    réduction des coûts de 40 % par rapport aux autres organisations de soins
•    satisfaction des patients : 9,3/10 (contre 7,5/10 pour la moyenne nationale)
•    turnover quasi nul : les infirmières restent en moyenne 10 ans
•    expansion rapide : passage de 10 à 10 000 employés en 10 ans

Histoire vraie

FAVI, une PME française spécialisée dans la fonderie de pièces automobiles, était confrontée à :

•    une hiérarchie lourde et des processus de décision lents
•    un turnover élevé et une faible motivation des employés
•    des délais de production longs et un manque d’innovation

Actions pour libérer l’entreprise :

•    suppression des niveaux hiérarchiques (passage de 5 à 2 niveaux)
•    plus d’autonomie aux équipes
•    création d’équipes auto-organisées
•    introduction des "cercles de décision" : chaque équipe prend ses propres décisions
•    responsabilisation du personnel
•    formation des équipes à la prise de décision collective
•    suppression des horaires fixes : les employés gèrent leur temps
•    la flexibilité et la confiance sont favorisées
•    mise en place d’un système de confiance totale
•    création d’un "marché interne" : les salariés choisissent leurs missions
•    l’innovation et l’engagement sont stimulés
•    plateforme interne pour proposer et choisir des projets

Résultats obtenus :

•    délais de production réduits de 50 % (passage de 6 semaines à 3 semaines)
•    turnover divisé par 4
•    productivité augmentée de 30 %
•    innovation accrue : développement de nouveaux produits en collaboration avec les clients

Histoire vraie

Gore-Tex, connu pour ses tissus imperméables, voulait :

•    éviter la bureaucratie pour favoriser l’innovation
•    responsabiliser les employés sans managers traditionnels
•    améliorer la réactivité face aux demandes clients

Actions pour libérer l’entreprise :

•    structure en "équipes associées" (pas de hiérarchie, max 150 personnes par site)
•    favoriser la collaboration et l’autonomie
•    chaque équipe gère ses projets et budgets
•    système de "sponsors" (parrains) pour guider les nouveaux employés
•    intégrer rapidement les nouvelles recrues
•    parrainage par des employés expérimentés
•    temps libre pour l’innovation (10 % du temps de travail)
•    stimuler la créativité
•    projets personnels encouragés
•    transparence totale : accès aux informations financières pour tous
•    renforcer la confiance
•    réunions trimestrielles sur la santé de l’entreprise

Résultats obtenus :

•    taux de rétention des employés : 95 % (l’un des plus élevés du secteur)
•    leader mondial des membranes techniques depuis 40 ans
•    innovation constante : plus de 2 000 brevets déposés

Histoire vraie

Morning Star, leader mondial de la transformation de tomates, souhaitait :

•    éliminer la hiérarchie pour favoriser l’innovation
•    responsabiliser chaque employé comme un "entrepreneur"
•    améliorer la réactivité face aux demandes des clients

Actions pour libérer l’entreprise :

•    suppression totale des titres hiérarchiques : chacun est responsable de ses missions
•    création d’une culture de l’auto responsabilité
•    chaque employé négocie ses objectifs avec ses pairs
•    système de "contrats relationnels" : les employés définissent leurs engagements mutuels
•    clarification des attentes sans managers
•    ateliers pour apprendre à rédiger ses contrats
•    accès libre aux informations financières : transparence totale
•    implication de tout le monde dans la performance
•    formation à la lecture des bilans pour tous
•    investissements décidés collectivement : pas de budget imposé
•    stimulation de l’innovation et de l’efficacité
•    processus de décision par consensus

Résultats obtenus :

•    productivité 2 à 3 fois supérieure à la moyenne du secteur
•    innovation constante : développement de nouveaux produits sans comité de direction
•    taux de satisfaction employé : 90 % (contre 60 % dans le secteur)
•    croissance organique : pas de dettes, autofinancement total

Histoire vraie

Patagonia, entreprise engagée dans le développement durable, souhaitait :

•    réduire l’absentéisme et améliorer l’engagement des employés
•    favoriser l’équilibre vie pro/vie perso
•    stimuler l’innovation tout en restant fidèle à ses valeurs écologiques

Actions pour libérer l’entreprise :

•    programme "let my people go surfing" : horaires flexibles pour profiter des vagues
•    amélioration de la qualité de vie au travail
•    confiance totale dans la gestion du temps
•    autonomie des équipes : pas de contrôle des horaires, résultats attendus
•    responsabilisation et motivation
•    suppression des pointages et des rapports d’activité
•    encouragement à l’activisme environnemental : temps payé pour s’engager dans des causes écologiques
•    alignement des valeurs personnelles et professionnelles
•    1 % du temps de travail dédié à l’engagement citoyen
•    transparence totale : partage des informations financières avec tous les employés
•    renforcement de la confiance et l’implication
•    réunions trimestrielles sur la santé de l’entreprise

Résultats obtenus :

•    taux d’absentéisme parmi les plus bas du secteur
•    engagement des employés : 95 % de satisfaction interne
•    croissance annuelle moyenne de 10 % malgré un marché concurrentiel
•    innovation constante : développement de matériaux recyclés et durables

Histoire vraie

Sun Hydraulics, une entreprise de 1 000 employés, souffrait de :

•    processus de décision lents (hiérarchie lourde)
•    manque d’innovation (les idées venaient uniquement de la direction)
•    turnover élevé (20 % par an)

Actions pour libérer l’entreprise :

•    suppression des titres hiérarchiques (tout le monde est un "associé")
•    l’autonomie et la responsabilité sont favorisées
•    création de cercles auto-organisés par projet
•    budget participatif : les employés décident de l’utilisation de 10 % des bénéfices
•    implication de tout le monde dans la stratégie
•    ateliers de co-construction budgétaire
•    système de rémunération basé sur la contribution (pas de salaires fixes)
•    l’innovation et la collaboration sont motivées
•    évaluation par les pairs et transparence totale
•    formation à l’autogestion pour tous les employés
•    développement des compétences en prise de décision
•    programme de formation continue
Résultats obtenus :

•    turnover réduit à 5 % (contre 20 % avant)
•    croissance annuelle moyenne de 15 % (contre 5 % avant)
•    innovation constante : 30 % des produits sont nouveaux chaque année

Histoire vraie

Valve, créateur de jeux comme Half-Life et Portal, voulait :

•    éliminer les managers pour favoriser la créativité
•    donner aux employés la liberté de choisir leurs projets
•    éviter les silos entre les équipes

Actions pour libérer l’entreprise :

•    suppression totale des managers : les employés choisissent leurs projets
•    maximiser la motivation intrinsèque
•    système de "roues libres" : chacun travaille sur ce qu’il veut
•    bureaux sur roues : les employés déplacent leur bureau pour travailler avec qui ils veulent
•    favoriser la collaboration spontanée
•    espaces de travail modulables
•    système d’évaluation des contributions par les pairs
•    reconnaître les talents sans hiérarchie
•    évaluations par les pairs deux fois par an
•    transparence totale : salaires et performances accessibles à tous
•    renforcer la confiance
•    base de données interne ouverte

Résultats obtenus :

•    succès commerciaux : Steam (plateforme de jeux), Dota 2, Counter-strike
•    taux de satisfaction employé : 98 %
•    innovation continue : nouveaux jeux et technologies régulières

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4.2 Résoudre les problèmes

 Comment résoudre un problème

pb

Là où il y a un problème, il existe un potentiel d'amélioration. Masaaki Imai

Les problèmes peuvent être classés en :

Un problème peut être comparé à une maladie. Pour guérir il faut passer par cinq étapes :

Pour un problème apparu en production ou lors d’une prestation nous pouvons transposer ces étapes en :

Remarque : pour le terme anglais "root cause" notre préférence est cause première au détriment de cause source, profonde, racine, fondamentale, principale. Ne pas confondre cause première et source du problème (l'endroit où se manifeste le problème).

Quelques outils classiques de résolution de problème ayant des points communs et des points spécifiques sont le PDCAde l’anglais Plan, Do, Check, Act ou Planifier (prévoir), Dérouler (faire), Comparer (vérifier), Agir. Appelé aussi cycle de Deming. Démarche classique d'amélioration continue, le A 3, le DMAIC et le 8 D (cf. § 8.3 et § 8.4).

Analyser l’information nécessaire aide à comprendre le sens (le pourquoi) de chaque décision.

Travailler en équipe et utiliser sans modération la méthode du vote pondéré est une garantie de prendre les bonnes décisions et d’obtenir de bons résultats.

Un exemple de prise de décision à l’aide de la méthode du vote pondéré se trouve dans l’annexe 03.enregistrement

Quelques conditions propices pour résoudre les problèmes :

Le QQOQCCP, le remue-méninges (cf. § 8.4) et le diagramme d’Ishikawa (cf. § 8.2), nous aideront à identifier et visualiser les causes premières du problème.

L’outil le plus souvent utilisé pour classer les causes par priorité est le diagramme de Pareto (cf. § 8.2).

Choisir une solution appropriée peut être fait grâce à un outil comme la matrice de décision (cf. § 8.3) pour éradiquer définitivement le problème.

Une activité dans laquelle le leader excelle est d’enseigner les outils, méthodes, bonnes pratiques et astuces pour trouver les causes premières de chaque problème apparu. Même si parfois la solution n’est pas évidente et demande beaucoup d’efforts, de temps et de volonté.

Chaque dysfonctionnement a une cause première. Connie Borror

Ne pas appliquer des solutions familières aux problèmes est bien illustré par la blague de l’ivrogne cherchant ses clés sous un lampadaire. Quand un passant lui demande ce qu’il cherche la réponse est : mes clés pour rentrer dans ma maison. Mais où les avez-vous perdus ? Devant ma maison. Mais pourquoi chercher ici ? Parce qu’ici on voit bien !

Quelques vérités de base sur les problèmes :

Minute de détente. Cf. jeu Problème  

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4.3 Avenir de la qualité

 Management de et par la qualité, manager et leader

avenir

La qualité c'est quand le client aime le produit et le salarié aime faire le produit

Penser que faire de la qualité c’est obtenir un certificat est une pratique du passé. Parfois c’est nécessaire mais ce n’est en aucun cas suffisant. Cela peut être un bon début, mais ce ne peut être une fin en soi.

Bientôt la gestion des risques sera généralisée. Petit à petit l’efficience, la performance et l’excellence seront incontournables. Les obligations de conformité seront remplacées par l’évaluation des moyens mis en place et la mesure des résultats obtenus. De contrainte la notion qualité doit devenir un axe de progrès. Passer vers un management intégré QSEqualité, sécurité, environnement (qualité, sécurité, environnement) facilite la réponse aux diverses exigencesbesoin ou attente implicites ou explicites (voir aussi ISO 9000, 3.1.2 et 3.12.1) réglementaires et permet d’optimiser (simplifier) le système de management.

L’excellence opérationnelle (la démarche EFQM) est devenue populaire comme moyen de s’auto-évaluer et de se comparer aux meilleurs, il ne faut pas s’en priver, cela ne peut qu’être bénéfique.

Le concept développement durable nous aide à avoir une approche globale de l’environnement de l’entreprisestructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12). Nous pouvons envisager l’avenir sereinement en répondant aux attentes de toutes les parties prenantes. Pour cela il faut revoir sa copie (vision, mission, valeurs, stratégie, politique…) et trouver de nouveaux compromis sur de nouvelles bases.

L’avenir du département qualité se résume dans sa raison d’être : diminuer en permanence l’écart entre la qualité réalisée et la qualité attendue par le clientcelui qui reçoit un produit (voir aussi ISO 9000, 3.3.5) ou autrement dit faire mieux, moins cher et plus vite que les concurrents grâce à un management par la qualité.

De département qualité on se dirige vers un réseau :

Tout comme les audits internes sont réalisés par des membres de tous les départements, la résolution de problème, le traitement des retours clientcelui qui reçoit un produit (voir aussi ISO 9000, 3.3.5) et des non-conformités doit se faire par les équipes qui sont à l’origine des causes premières.

Certaines différences entre le management de et par la qualité sont montrées dans le tableau 4-1 (cf. aussi le tableau 3-1).

Tableau 4-1. Management de et par la qualité

 Domaine  Management de la qualité (démarche système)   Management par la qualité (démarche excellence)
 Achats  Prévisions  Demande client
 But   Amélioration de l’efficacité  Amélioration de l’efficience
 Démarche  Changements  Améliorations à petits pas
 Documentation  Statique  Dynamique (management visuel)
 Exigences  Produit, système  Client, société
 Hiérarchie  Organisation en silos  Structure transversale
 Manière d’expliquer  Comment  Pourquoi
 Mesurage  Respect exigences  Évaluation résultats
 Orientation  Produits, clients  Marché, développement durable
 Résolution de problème  Département qualité  Membres des équipes
 Responsabilité de la qualité  Département qualité  Membres des équipes
 Style  « Carotte et bâton »  Implication des équipes
 Système de management  Politique, revue de direction  Vision, mission et valeurs partagé

On peut trouver des différences entre manager et leader. Le manager est plutôt classé dans l’entreprisestructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12) traditionnelle, le leader est plutôt classé dans l'entreprise libérée.

La figure 4-1 montre le boss (manager) comparé au leader (depuis le site):

Figure 4-1. Le boss et le leader

Le tableau 4.2 montre quelques différences entre le manager et le leader.

Tableau 4-2. Manager et leader

 Manager  Leader
 Le manager s’occupe du comment  Le leader explique le pourquoi
 Le manager commande  Le leader pose des questions 
 Le manager dit "je"  Le leader dit "nous"
 Le manager est centré sur les actions et la performance  Le leader est centré sur les gens et l'autonomie
 Le manager planifie  Le leader expérimente
 Le manager fait bien les choses  Le leader fait les bonnes choses
 Le manager accepte et maintient le statu quo  Le leader gère le changement et innove
 Le manager filtre l'information  Le leader partage l'information
 Le manager évalue les suggestions  Le leader encourage les suggestions
 Le manager s'attaque aux effets  Le leader s'attaque aux causes premières
 Le manager compte sur le contrôle  Le leader compte sur la confiance
 Pour le manager les gens sont une ressource  Pour le leader les gens sont uniques
 Le manager détermine les règles et les méthodes  Le leader crée des conditions favorables pour que les gens donnent le meilleur de soi
 Le manager est responsable de l’obtention des résultats  Le leader développe la vision du futur, montre la bonne direction
 Le manager diffuse la culture d’entreprise  Le leader construit la culture d’entreprise

Minute de détente. Cf. blague "L’ingénieur et le berger"

Le reste de la formation F 50 Bonheur dans l'entreprise libérée est accessible sur cette page.

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