1 Le bonheur au travail

 

1.1 Trouver son bonheur

 Le bonheur, la motivation, les influences, les facteurs

1.1

Le bonheur, c’est de le chercher. Jules Renard

Chacun à sa propre interprétation du bonheur. Néanmoins quelques caractéristiques universelles de la psychologie positive (ce qui va bien) sont souvent prises en compte :

D’après une étude de l’université Johns Hopkins sur près de 8 000 étudiants à la question « quel objectif considérez-vous comme très important maintenant ? » les réponses principales furent :

Etre heureux c’est être heureux à la maison mais aussi au travail où souvent nous passons une grande partie de la journée. Pour parvenir à un juste équilibre une condition est de vouloir et pouvoir rendre heureux toutes les parties prenantes :

Le désir est l'unique force motrice. Aristote

Chercher son bonheur au travail est humain car c’est un désir profondément intrinsèque.

D’après les enquêtes Gallup de 2013 dans le monde :

Pour la France les chiffres sont 9% motivés, 65% pas motivés, 26% démotivés.

Donc il y a du pain sur la planche pour beaucoup de monde et pour longtemps.

Le bonheur provoque le succès et la réussite et non l'inverse. Shawn Achor

Histoire vraie

Une étude des journaux (intimes) de 180 religieuses, nées avant 1917, de l’école des sœurs de Notre Dame, donne une réponse au paradoxe de l’œuf et de la poule.

50 ans plus tard la grande majorité (90%) des sœurs, qui avaient un journal avec un contenu plus positif (joyeux), étaient en vie à l’âge de 85 ans. Les sœurs en vie à 85 ans, qui avaient un journal avec un contenu plus neutre ou négatif, étaient 34%.

A 20 ans les sœurs joyeuses ne pouvaient pas l’être par ce qu’elles savaient qu’elles vivraient très longtemps.

La bonne santé et la longue vie est le résultat de leur bonheur et non la cause. 

De nombreuses études montrent qu’une personne heureuse au travail :

Etre heureux dans son travail c’est choisir un travail que l’on aimerait faire même si l’on n’est pas payé (ou mal payé). Cela implique aussi de sortir de sa zone de confort et de combattre sa tentation naturelle de résister au changement (cf. § 6.3).

 Le bonheur crée la performance

Le succès des meilleures entreprisesstructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12) où il fait bon travailler est souvent attribué à la culture d’entreprise et l'engagement élevé du personnel.

Trouver son bonheur au travail c’est :

L’enquête européenne de StepStone de 2012 montre que les facteurs qui influencent le plus le bonheur au travail sont par priorité :

Histoire vraie

D’après les enquêtes de Gallup aux Etats Unis (et dans d’autres pays « développés ») le pourcentage de gens très heureux n’a quasiment pas bougé pendant les 50 dernières années. Alors que le revenu réel par tête a plus que doublé, le confort de vie s’est énormément amélioré (plus de biens matériels, plus de santé, plus d’années de vie).

Paradoxe qui pourrait éventuellement s’expliquer dans les sociétés devenues plus riches par l’augmentation des dépressions, de l’alcoolisme, des drogues, du crime et du fait que l’on se compare avec ses proches collègues et voisins et non avec des groupes plus pauvres ou malheureux.

Certains comportements peuvent s’expliquer par le sentiment de bonheur par rapport à l’âge (enquêtes d’Euro-baromètres 1975-2000) montré dans la figure 1-1.

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Figure 1-1. Le bonheur et l'age

Les sept grands facteurs favorisant le bonheur sont d’après Richard Layard :

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1.2 Hiérarchie des besoins

 La pyramide de Maslow de la hiérarchie des besoins

 

maslow

Le bonheur n’est pas dans l’avoir mais dans l’être

La hiérarchie des besoins publiée par Abraham Maslow en 1943 est maintenant souvent représentée sous la forme d'une pyramide comme celle montrée en figure 1-2.

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Figure 1-2. Pyramide de Maslow

La pyramide de Maslow montre la priorité des besoins humains et des facteurs de motivation. Dans des conditions normales la motivation suit une hiérarchie du besoin : besoin physiologique, besoin de sécurité, besoin d’appartenance sociale, besoin d’estime et besoin d’épanouissement de soi.

Le salaire n’est pas un facteur de motivation c’est un facteur de satisfaction de besoin physiologique. Mais quand il y a inégalité cela peut devenir très démotivant.

L’entreprise ne peut pas faire grand-chose pour stimuler le bonheur et la créativité, mais elle peut faire beaucoup pour les tuer. Scott Adams

Plus on monte en haut de la pyramide, plus il y a de :

Le besoin d’estime est un facteur de motivation. Ce sont les conditions d’avoir envie de réussir sa réalisation personnelle. Quelques exemples d’efforts dans cette direction :

Le besoin d’accomplissement est le facteur de motivation le plus élevé. Pour s’épanouir chacun doit disposer d’une véritable liberté (bien sûr « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres »), de pouvoir vivre sa passion, de trouver son bonheur au travail.

Pour simplifier, inspiré des pyramides de Chip Conley, on peut utiliser une pyramide avec trois niveaux comme celle montrée dans la figure 1-3.

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Figure 1-3. Pyramide simplifiée des relations et motivations 

Pour découvrir quelle passion tu peux éprouver il faut se poser des questions comme :

Minute de détente. Cf. jeu Besoin humain 

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1.3 La théorie X et la théorie Y

Les deux catégories de gens de Douglas McGregor

1.3

Le bonheur est la seule richesse qui double si on la partage. Albert Schweitzer

Douglas McGregor dans son livre « La dimension humaine de l'entreprise » publié en 1960 divise l’image que l’on se fait des gens en deux catégories (Théorie X et Théorie Y).

La première image (classique) est la théorie X :

La deuxième image qu’encourage McGregor est la théorie Y :

Pour appliquer la théorie Y la direction doit :

Dans le cas de la théorie Y, la direction ne s’occupe pas de motiver les personnes mais de leur faire confiance en leur donnant :

La directiongroupe ou personnes chargés de la gestion au plus haut niveau de l'entreprise (voir aussi ISO 9000, 3.2.7) pousse petit à petit le personnel dans la direction de la théorie Y en sachant préparer le terrain et gagner la confiance de l’ensemble du personnel. Le but étant de donner envie à tous de s’impliquer dans un travail valorisant et enrichissant.

Histoire vraie

La direction d’une entreprise américaine se posa la question comment installer la confiance parmi le personnel.

Une question fut envoyée à tout le personnel. Dans quelle catégorie (A ou B) pensez-vous faire partie ?

A. Je me sens adulte et responsable, je veux contribuer et faire du bon travail, je me soucie de la réussite de l’entreprise, je viens travailler chaque jour avec enthousiasme, on peut me faire confiance.
B. Je me sens en sécurité quand je suis dirigé, je travaille pour gagner mon pain, cette entreprise ou une autre c’est pareil, je suis là pour l’instant, je ne sais pas si on peut me faire confiance.

Le résultat fut 95% de A et 5% de B. 

En conséquence la direction et l’encadrement simplifièrent beaucoup de procédures en tenant compte de la majorité digne de confiance. L’impact fut largement bénéfique. 

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1.4 Favoriser la motivation

Le comportement et la motivation intrinsèque

 1.4

Il existe une seule personne pour nous motiver : nous-mêmes ! Laurence Vanhée

Histoire vraie

En 1993 Microsoft lança une encyclopédie digitale (Encarta). De gros moyens furent engagés mais son arrêt fut confirmé en 2009. Pourquoi ?

Parce que Wikipédia est arrivée avec ses dizaines de milliers de contributeurs volontaires bénévoles, ses plus de 13 millions d’articles, dans plus de 260 langues !

Conclusion : le modèle participatif gratuit (open source) est plus fort que des auteurs et éditeurs mondialement reconnus et très bien payés.

La motivation explique le pourquoi du comportement (cf. figure 1-4) et inclut :

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Figure 1-4. Le comportement 

L’argent (le salaire, la carotte) est souvent un moyen motivant puissant surtout pour un travail routinier. Mais de nombreuses études ont montré que pour un travail complexe et surtout intellectuel l’argent n’est pas du tout motivant. Quand on doit faire preuve de créativité, d’imagination, d’innovation l’argent est même souvent démotivant.

Les essais réalisés par de nombreux scientifiques montrent que l’esprit habité par la rémunération perturbe les activités créatrices et entre en contradiction avec le besoin intrinsèque de liberté de choisir ce que l’on veut faire.

La motivation intrinsèque (cf. figure 1-5) d’après Daniel Pink (cf. son livre La vérité sur ce qui nous motive) repose sur trois piliers :

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Figure 1-5. La motivation intrinsèque 

 C’est l’engagement qui fait la performance et non l'inverse

Quelques conditions pour favoriser la motivation (inciter le personnel à travailler avec envie et plaisir) :

Histoire vraie

Dans les années 2000 des chercheurs de l’université Cornell ont sélectionné 320 petites entreprises. 

La première moitié des entreprises (A) avaient un management traditionnel. Dans la deuxième moitié des entreprises (B) les salariés étaient tout à fait autonomes.

L’analyse montra que le taux de croissance des entreprises B était 4 fois plus élevé que celui des entreprises A et ils avaient un turnover du personnel 3 fois plus faible.

Minute de détente. Cf. jeu Motivation intrinsèque 

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1.5 Impliquer le personnel

Les conditions de l'entreprise heureuse

1.5

Un besoin satisfait n'est pas un facteur de motivation du comportement ! Douglas McGregor

Toujours considérer le personnel comme des personnes adultes et responsables, capables de prendre les décisions nécessaires. En plus l’intelligence collective permet d’obtenir une performance exceptionnelle.

La motivation est positive et contagieuse quand le travail est perçu comme un besoin d’accomplissement, de réalisation, d’épanouissement de soi (sommet de la pyramide de Maslow).

Le secret autour des rémunérations est un exemple de source possible de moral en baisse, de performance médiocre, de turnover du personnel élevé.

Pour donner chaque jour le meilleur de soi-même le personnel doit sentir être :

De cette manière le personnel :

Pas de performance sans bonheur. Jean-François Zobrist

La figure 1-6 montre comment on peut progresser vers l’entreprisestructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12) heureuse en créant plus de bonheur pour les salariés et plus de performance pour l’entreprisestructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12).

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Figure 1-6. Entreprise heureuse 

Quelques conditions pour s’épanouir au travail :

 Pièges à éviter :

L’auto évaluation ou celle que l’on pratique entre les membres de l’équipe est un moyen de nous aider à :

Quelques pistes :

Histoire vraie

Le projet militaire Manhattan (création de la bombe atomique) avançait trop lentement. Le secret était de rigueur pour des raisons de sécurité et la nature même du projet était cachée à l’ensemble du personnel.

Pour passer à la vitesse supérieure le chef du projet Robert Oppenheimer décida d’informer tous les membres de l’équipe de la nature du projet, de son extrême urgence et de son importance cruciale sur la fin de la guerre. Une énergie insoupçonnable se dégagea, le travail avança à pas de géant.

Informer sur la mission, donner du sens au travail, faire confiance au personnel est un gage de réussite pour tout projet.

Minute de détente. Cf. blague "Le moine et l’oiseau

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